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de façon raisonnée.

La régulation du casino en ligne ne créerait pas de risque de pandémie ludique


Alors que la régulation du  secteur des casinos en ligne a fait couler beaucoup d’encre dernièrement, le  sociologue Jean-Pierre Martignoni-Huti...
30 octobre 2024

Alors que la régulation du secteur des casinos en ligne a fait couler beaucoup d’encre dernièrement, le sociologue Jean-Pierre Martignoni-Hutin, chercheur associé au Centre Max Weber de l’université Lyon II et spécialiste des jeux de hasard et d’argent, estime que cela de donnerait pas lieu à une « pandémie ludique ». Ce dernier a détaillé les conséquences prévisibles d’une libéralisation encadrée du secteur des casinos en ligne dans une interview accordée à AOF.

Selon lui, « les machines à sous et les jeux de casino sur Internet auraient pu être autorisés dès 2011 (…) pour répondre à l'évolution des comportements de nos concitoyens vis à vis du numérique, dans ce domaine comme dans d'autres », indiquant que la position des casinos terrestres, qui veulent être les seuls à pouvoir proposer ce type d’offre, ne tient pas. « Ils sont contre les casinos et les bandits manchots en ligne, sauf si ce sont eux qui les exploitent. Certes, cette libéralisation va accroitre la concurrence, mais les casinotiers seront les mieux placés pour exploiter la synergie entre casinos en dur et casinos virtuels. En outre, rien ne remplacera jamais l'ambiance du casino, les riches socialités et sociabilités des établissements de jeux, sans parler de leurs multiples autres activités », justifie-t-il.

Un nouveau marché

La régulation des casinos en ligne va « créer un nouveau marché » selon le sociologue, qui rappelle que 3 à 4 millions de personnes ont joué sur des sites illégaux l’an dernier, et que d’autres ne le font pas « dissuadés par l'absence de garantie sur la sécurité, et la présence probable d'acteurs mafieux ». Pour Jean-Pierre Martignoni-Hutin, « cette libéralisation va peu ou prou assécher le marché gris, ce qui devrait réjouir Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de l'ANJ, car elle pourra ainsi jouer un rôle d'information et de prévention en direction de ces joueurs, actuellement sans aucune protectionSon opposition paraît totalement contradictoire avec ses intérêts », ajoutant que la fiscalité aura un rôle clef : « si elle est trop forte ce sera contre-productif pour lutter contre l'offre illégale. Il faut que les joueurs repentis et les nouveaux joueurs qui vont jouer légalement aux machines à sous sur internet n'aient plus aucune raison de le faire sur le marché gris. En outre la France, entrant tardivement dans ce marché, se doit d'être attractive et pas seulement pour les joueurs français, car par définition ce marché est mondial ».

Ce dernier dénonce la politique sanitaire et néo-prohibitionniste de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), qui « multiplie les mesures autoritaires, comme la censure en 2022 de la publicité Winamax qui véhiculait "le message selon lequel les paris sportifs peuvent contribuer à la réussite sociale" » et regrette « un déficit démocratique en matière de politique des jeux. L'ANJ n'a pas à se substituer aux politiques comme en témoignent les mesures prises contre deux jeux citoyens, la censure du loto de la biodiversité en 2022, les mesures liberticides contre le loto du patrimoine en 2023, plus une kyrielle de mesures autoritaires et règlementaires contre les opérateurs et notamment contre la FDJ, contre les joueurs ».
Selon lui, l’ANJ considère le « jeu comme une drogue, une addiction, une maladie ». Lui y voit « l’influence d'addictologues qui sont en conflit d'intérêt dans cette affaire » et estime donc que la libéralisation des casinos en ligne « n'entraînera pas de "pandémie ludique" contrairement à ce qu'affirment certains addictologues qui prônent par ailleurs l'ouverture de salles de shoot. En France la moitié des citoyens ne jouent pas, et tout le monde ne va pas commencer à jouer aux machines à sous sur internet après cette légalisation ». Le sociologue rappelle enfin que la France est un grand pays de jeux et que les jeux d’argent ont « toujours participé au bien commun, comme en témoignent les débats parlementaires de 1933 qui ont abouti à la réintroduction de la loterie, avec pour objectif d'aider les victimes des calamités agricoles et les "gueules cassées" de la Grande Guerre ». Avant de conclure que « les casinos et machines à sous sur internet peuvent parfaitement participer à l'effort national : l'acceptation sociale de cette fiscalité positive sera par ailleurs plus grande que la fiscalité punitive traditionnelle ».

Source : Zone Bourse

 

Auteur
Dom Lormier, rédacteur de contenu expérimenté chez GWEB MEDIA, est passionné par les jeux d'argent depuis de nombreuses années. Depuis l'an 2000, il suit de près le monde des jeux d'argent et a écrit de nombreux articles sur la régulation des jeux d'argent en ligne, notamment ceux initiés depuis 2010 dans différents pays comme la France, la Belgique et la Suisse. Son expérience lui confère une expertise approfondie dans les casinos, le poker et les paris sportifs, lui permettant de couvrir un large éventail de sujets et de stratégies dans le vaste domaine des jeux de hasard.

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