Le débat sur la légalisation des jeux de casino en ligne en France, relancé récemment par le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a franchi une étape importante avec la consultation organisée le 6 novembre 2024. Ce sujet, à la croisée des enjeux économiques, sociaux et de santé publique, suscite des réactions contrastées parmi les acteurs impliqués.
Contexte : un projet controversé
Initialement inclus dans le projet de loi de finances pour 2025, l’amendement visant à légaliser les casinos en ligne avait été retiré fin octobre, suite à une levée de boucliers de la part des acteurs économiques et des organismes de prévention. Cependant, le gouvernement a maintenu le dialogue en organisant cette consultation avec les parties prenantes, une démarche saluée pour son intention, bien que critiquée pour ses biais présumés.
Les participants : une opposition marquée
Cette réunion a rassemblé des représentants des casinos physiques (Casinos de France, ACIF), des opérateurs en ligne (AFJEL, Winamax), et des institutions publiques comme l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ). Étaient également présents des associations de prévention des addictions, telles qu’Addictions France et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca).
D’un côté, les opérateurs économiques ont plaidé pour une ouverture réglementée, mettant en avant la nécessité de lutter contre les sites illégaux et de capter un marché lucratif dominé aujourd’hui par des plateformes offshore. De l’autre, les institutions de santé publique ont mis en garde contre les risques de dépendance et ont appelé à une stricte régulation.
Les critiques : des biais structurels
La composition de la consultation a été critiquée, notamment pour la surreprésentation des acteurs prônant une approche restrictive basée sur la lutte contre les addictions. Des millions de joueurs, directement concernés, n’ont pas été consultés, soulevant des questions sur le déficit démocratique de la démarche.
Arguments en faveur de la légalisation
Les partisans de la légalisation avancent plusieurs arguments clés :
- Convergence européenne : La France et Chypre sont les deux derniers pays de l’Union européenne à interdire les casinos en ligne. L’exemple des voisins européens montre que cette légalisation est possible sans crise sanitaire majeure.
- Évolution des comportements numériques : Les casinos en ligne répondent à une demande croissante des consommateurs, notamment ceux qui n’ont pas accès aux établissements physiques.
- Lutte contre le marché noir : En légalisant et en régulant le secteur, l’État pourrait protéger les joueurs des abus et capter des revenus aujourd’hui perdus au profit de plateformes illégales.
- Développement économique : L’intégration des casinos en ligne permettrait d'élargir le marché des jeux d’argent, tout en créant des synergies avec les casinos physiques.
Les défis : régulation et fiscalité
L’un des points sensibles est la fiscalité. Le gouvernement a annoncé une série de hausses des prélèvements sur les opérateurs de jeux à partir de 2025, censées rapporter 250 millions d’euros à la Sécurité sociale. Ces augmentations concernent principalement les paris en ligne et le poker, tandis que les loteries de la FDJ sont épargnées, suscitant des critiques pour une concurrence jugée inéquitable.
Prochaines étapes
Alors que le gouvernement reste prudent sur le calendrier législatif, la pression monte pour une décision rapide. L’Association française des jeux en ligne organise un colloque le 19 novembre pour approfondir les débats, notamment sur les bénéfices sociaux des jeux d’argent et la place des joueurs dans les politiques publiques.
Conclusion
La légalisation des casinos en ligne représente une opportunité économique majeure, mais elle nécessite une régulation équilibrée et inclusive. Une politique des jeux moderne devrait concilier liberté individuelle, protection des joueurs et compétitivité du marché, tout en évitant une fiscalité dissuasive qui pourrait paradoxalement favoriser le marché illégal.
Le gouvernement devra trancher entre intérêts économiques, impératifs de santé publique et aspirations démocratiques pour définir une politique des jeux adaptée aux enjeux du XXIᵉ siècle.
Auteur
Dom Lormier, rédacteur de contenu expérimenté chez GWEB MEDIA, est passionné par les jeux d'argent depuis de nombreuses années. Depuis l'an 2000, il suit de près le monde des jeux d'argent et a écrit de nombreux articles sur la régulation des jeux d'argent en ligne, notamment ceux initiés depuis 2010 dans différents pays comme la France, la Belgique et la Suisse.
Son expérience lui confère une expertise approfondie dans les casinos, le poker et les paris sportifs, lui permettant de couvrir un large éventail de sujets et de stratégies dans le vaste domaine des jeux de hasard.